Pourquoi les méchants dans les films ne gagnent-ils jamais à la fin ? Enfin presque !

C’est à se poser la question !

Pourquoi les méchants dans les films ne gagnent-ils jamais à la fin ?

Il est une loi tacite du cinéma, un pilier narratif qui se répète à l’infini : les méchants ne gagnent jamais à la fin. Pourquoi cette tendance semble-t-elle immuable, quelle en est l’origine et comment les cinéastes subvertissent-ils parfois cette règle pour en tirer des leçons inattendues ? En plongeant dans les méandres de la psyché humaine et des enjeux éthiques de l’art cinématographique, ce billet de blog explore la fascination du public pour l’échec des forces du mal.

L’origine de la condamnation morale au cinéma

La repartition binaire des rôles entre le bon et le mauvais trouve son origine dans les récits épiques et mythologiques, où les héros triomphaient souvent à la suite de luttes glorieuses contre des antagonistes dont la méchanceté rivalisait avec leur puissance. Cette dualité s’est inscrite dans le développement du cinéma, mais a également servi de miroir à une société en quête de repères moraux. Les spectateurs ont toujours aimé être rassurés par la justice du récit, par une logique implacable qui voit le vice invariablement puni.

L’effet cathartique de la défaite des méchants

Le public s’identifie naturellement au protagoniste, porteur des valeurs positives de l’histoire. Sa victoire satisfait un besoin humain profond de voir l’ordre et la morale triompher. La défaite des méchants offre un soulagement cathartique, permettant aux spectateurs de canaliser leurs propres frustrations et colères à travers les vicissitudes des personnages négatifs. Dans cette logique, le réalisateur devient un véritable justicier créatif, narrant des histoires où le mal est toujours vaincu.

Pourquoi les méchants dans les films ne gagnent-ils jamais à la fin ?

La tentation de l’exception et les réactions du public

Pour autant, cette règle narratrive peut créer une certaine lassitude et prévisibilité dans les scénarios. C’est pourquoi les exceptions apportent souvent un souffle nouveau aux films. Quand les méchants gagnent, le choc est d’autant plus grand que le réalisateur a su contourner l’attendu. Le public peut se sentir trahi, mais aussi impressionné par le courage du réalisateur à briser un tel tabou. Ce faisant, il crée un film qui, par surprise, restera souvent plus mémorable.

La subversion comme miroir social

Les réalisateurs qui prennent le risque de la subversion cherchent souvent à éveiller une réflexion chez le spectateur. En donnant des motifs convaincants aux méchants ou en montrant la relativité morale des personnages, ils posent des questions sur la nature de la vertu et du péché. Ces films défient les notions conventionnelles de bien et de mal, invitant le public à un examen introspectif et à une remise en cause salutaire.

Reconnaître le succès des méchants sans les récompenser

Une autre possibilité narrative, souvent reprise dans les frictions entre les héros et les antihéros, est de reconnaître les triomphes des méchants sans toutefois les récompenser à la fin. Ceci offre une complexité à l’histoire tout en soulignant la dualité inhérente à toute existence. Cela permet à l’audience de nuancer son jugement tout en maintenant l’intégrité morale du récit.

Construire des mondes où les méchants gagnent et perdent

Penser un univers où les méchants gagnent peut offrir aux cinéastes un terrain d’exploration fertile, mettant en scène des sociétés dystopiques ou des héros tragiquement punis. Ces mondes alternatifs sont des miroirs déformants de la réalité, mais ils font écho à des peurs et des questionnements profonds de la société. Ils sont souvent porteurs de messages puissants sur la vigilance nécessaire pour protéger les valeurs qui nous sont chères.

Les antihéros, entre condamnation et rédemption

Les antihéros sont souvent des vecteurs privilégiés de cette nuance narrative. Leur cheminement est celui de la rédemption ou de la condamnation, offrant une vision plus humaine des conflits moraux. En s’attachant à leurs histoires, le public découvre des terrains où le bien et le mal ne sont pas aussi étanches qu’ils en ont l’air, bousculant ainsi ses certitudes.

La prédominance des codes de l’écriture et le jeu des attentes

Cependant, les schémas narratifs restent malgré tout tenus par des codes, et la défaite des méchants demeure souvent inéluctable pour répondre aux attentes du public. Ce jeu permanent avec les codes est un élément clé du suspense et de l’intérêt que l’on peut porter à une histoire. Les réalisateurs qui parviennent à naviguer entre ces contraintes pour créer des fins inattendues sont souvent encensés pour leur audace.

Le cinéma, miroir merveilleux et distorsionnel de la réalité

Le cinéma, à travers sa condamnation récurrente des méchants, accomplit un rôle social et politique en fabriquant des récits qui confortent l’humain dans son goût pour la justice et l’éthique. Pourtant, c’est dans les nuances et les subversions que se dessinent les films les plus riches et les plus marquants. En explorant les échecs des forces du mal, les cinéastes ouvrent des fenêtres sur des mondes où prévalent d’autres lois, moins rassurantes peut-être, mais aussi plus fidèles à la complexité de l’expérience humaine.

Yann.C

Yann.C

Salut, c'est Yann. Si je devais décrire ma passion, je dirais que ça tourne autour de la réalisation de films. J'aime savoir comment les films sont faits, comment les scènes sont construites et comment les acteurs réussissent à nous faire ressentir tant d'émotions différentes. Dans mes articles, je me concentre sur cet aspect des films : la réalisation. J'essaie également d'interviewer des réalisateurs pour connaître leur point de vue sur leur travail. En dehors de cela, j'aime aussi la photographie et le cinéma d'auteur.