Les films d’horreur sont une constante dans l’histoire du cinéma, fascinant et terrifiant les spectateurs à travers les âges. Les rares fois que nous sommes confrontés à la peur, elle est souvent amplifiée par l’immersion totale que le médium cinématographique permet. Mais que se passe-t-il réellement derrière les caméras ? Les acteurs, les maîtres de l’art de la peur, sont-ils eux-mêmes sujets à la terreur qu’ils projettent à l’écran, ou le processus est-il simplement un acte ?
Sommaire
Les acteurs et la première fois
Le premier tournage d’un acteur d’horreur est souvent un moment mémorable. Pour certains, c’est l’occasion de relever le défi et de s’amuser avec les éléments classiques du genre, pour d’autres, c’est une immersion totale dans un nouveau type de performance.
Certains acteurs sont des fans de longue date du genre avant de fouler le plateau pour la première fois, tandis que d’autres ont besoin de surmonter des appréhensions personnelles. Un facteur clé qui détermine la réponse à notre question est l’élément surprise. Les acteurs sont-ils préparés aux effets spéciaux, à la tension du tournage, et aux autres éléments qui contribuent à créer le climat d’horreur ?
L’imprévu et l’adrénaline
Le tournage d’une scène d’horreur peut être accompagné de surprises. Les acteurs peuvent ne pas être informés des effets spéciaux avant de les vivre en direct, ajoutant ainsi un sentiment d’urgence et d’authenticité à leur performance.
Des acteurs architectent leur peur, la construisant à partir de l’imagination, tandis que d’autres laissent l’adrénaline et l’inattendu faire leur travail. Parfois, il est entendu que la tension sur le plateau est si palpable que même les équipes techniques peuvent ressentir une forme de peur.
De la peur à l’acte
Pour beaucoup d’acteurs, le processus de jouer dans un film d’horreur implique un retour aux bases du métier : la performance. La clé pour incarner la peur est souvent de connaître très bien son personnage et de comprendre les enjeux de la scène, plutôt que de n’être que réactif à l’environnement.
Des acteurs notables d’horreur ont partagé des anecdotes montrant qu’ils avancent dans ces films en déconstruisant les scènes pour les rendre plus gérables, même si le rendu final est une performance criante de vérité. Le contrôle de soi est sujet de conversation lorsque l’on aborde les moments clefs où la peur est palpable.
Lors du tournage du film “Poltergeist” en 1982, l’actrice JoBeth Williams exprimait des réticences à réaliser la scène où son personnage est censé tomber dans une piscine en cours de construction, entourée de squelettes. Le décor, arrosé par des jets d’eau simulant la pluie, était trempé, et des projecteurs massifs illuminaient la scène, augmentant ses appréhensions d’une possible électrocution en cas de chute d’un projecteur dans l’eau.
Pour apaiser ses inquiétudes, Steven Spielberg, le producteur du film, s’est employé à la rassurer en lui assurant que le risque d’accident était inexistant. Allant plus loin pour souligner sa confiance dans les mesures de sécurité mises en place, il lui a promis de l’accompagner dans l’eau durant l’enregistrement de la scène, promesse qu’il a tenue. Bien que cette présence solidaire de Spielberg ne soit pas visible à l’écran, il était effectivement aux côtés de Williams dans l’eau, soutenant l’actrice durant cette prise difficile.
Un figurant partage son expérience : « Pendant le tournage de “Nightmare on Elm Street (Part 2)”, l’acteur incarnant Freddy Krueger se révélait être une personne douce et effacée hors caméra, au point que nous ne réalisions même pas sa présence en Freddy parmi nous. En costume, avec ses griffes acérées, il incarnait à la perfection l’essence menaçante et sinistre de Krueger, tout en dégageant une tranquillité inquiétante. Nos réactions face à lui étaient empreintes d’un véritable sentiment de terreur, comme si nous étions vraiment aux prises avec une entité maléfique, bien que nous ne nous sentions jamais réellement en danger.
- “IT” : L’expérience de Bill Hader face à Bill Skarsgård, interprétant Pennywise, reste mémorable. La découverte de la capacité de Skarsgård à déplacer un œil indépendamment de l’autre, un trait distinctif du terrifiant clown, a profondément effrayé Hader. Ce dernier a même fui en pleine terreur lorsqu’il a été confronté à cette aptitude naturelle de Skarsgård, un moment qui a rapidement gagné en popularité sur internet, devenant un mème bien connu.
- “The Exorcist” : Jason Miller, dans le rôle du Père Karras, a été véritablement choqué lors d’une scène désormais célèbre où il se fait vomir dessus par le personnage de Linda Blair. L’effet spécial, censé simuler du vomi de pois vert, a mal fonctionné, atterrissant directement sur le visage et dans la bouche de Miller, provoquant chez lui une réaction de dégoût on ne peut plus réelle.
- “Scream” : L’atmosphère terrifiante de ce classique a été renforcée par les appels téléphoniques du tueur Ghostface, incarné vocalement par Roger Jackson. La production a choisi de réaliser ces appels en direct sur le plateau, sans informer préalablement les acteurs. Cette méthode a engendré chez eux une peur authentique, contribuant à l’atmosphère oppressante du film et à la crédibilité de leurs réactions face à la menace invisible mais palpable de Ghostface
Le décryptage des émotions
Au-delà des murs des studios, les acteurs s’ouvrent sur leur expérience. Beaucoup partagent comment ils ont vécu la mise en scène de la peur, et comment ils sont parvenus à démystifier celle-ci pour ne pas être possédés par elle.
Des interviews avec des acteurs révèlent qu’une fois que l’action est terminée, il y a souvent une libération de l’énergie émotionnelle, et la peur laisse place à des rires et à une ambiance détendue. Cela soulève la question de savoir si l’artiste peut vraiment rester dans l’état de peur pendant de longues périodes sur le plateau.
La transformation du trauma
L’impact psychologique des rôles d’horreur peut être profond, mais il varie d’un individu à l’autre. Des acteurs célèbres ont admis que certains personnages les ont habités pendant un certain temps après la fin du tournage. Cependant, la confrontation de la peur peut également avoir un effet cathartique, aidant les acteurs à surmonter des peurs personnelles.
Des expériences vécues hors plateau peuvent également influencer comment les acteurs gèrent la peur. De nombreuses méthodes existent pour séparer le jeu de la réalité, notamment l’immersion dans les coulisses du cinéma, qui peut dessiner une distinction claire entre le personnage et l’acteur.
Les conditions de tournage et l’environnement
L’environnement de tournage joue un rôle crucial dans la performance des acteurs. Des ambiances froides, sombres et isolées peuvent contribuer à instaurer une atmosphère de peur que les acteurs utilisent à leur avantage.
Parfois, l’horreur est amenée par des conditions de travail difficiles : la fatigue, le froid, les longues heures passées à refaire des prises. Les acteurs qui trouvent des stratégies pour maintenir leurs niveaux d’énergie et de concentration peuvent mieux contrôler leur peur.
L’avis de DGE !
Alors, les acteurs de films d’horreur ont-ils vraiment peur pendant le tournage ? La réponse est nuancée. L’adhésion totale à la peur est souvent une question de lâcher prise, de surprise et d’attitude à l’égard du métier. Pour certains, la peur est un ajustement temporaire, tandis que pour d’autres, elle peut être transformée en source durable d’inspiration et de compréhension. Quelle que soit la réponse, il est indéniable que le cinéma d’horreur continue de captiver le public, et que les acteurs sont de véritables maîtres à jouer avec nos peurs les plus profondes.